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Climat : à Carpentras, les viticulteurs tentent de contrôler la grêle en ensemençant les nuages

En envoyant de l'iodure d'argent dans les nuages, ils veulent réduire la taille des grêlons. Une technique appelée à susciter un intérêt croissant avec le changement climatique.

Par Anne FEITZ, Publié le 28 août 2024 à 09:30Mis à jour le 28 août 2024 à 10:03

Jean-Claude Micol n'a plus peurdelagrêle. Ce 15 août, vers 10 heures du matin, ce viticulteurdelarégiondeCarpentras a pourtant reçu une alerte sur son téléphone, l'avertissant d'un risquedegrêlele jour même, vers 14 heures. Il détient toutefoislaparade, entrelesoliviers du jardindesa maison : une drôledemachine, composéededeux bonbonnes et d'une petite cheminéeeninox d'un mètredehauteur.

Un « générateur terrestre à vortex » qui lui permet d'envoyer, grâce aux courants ascendants, des particules d'iodure d'argent danslesnuages, à 2.000 mètres d'altitude. « On multiplie ainsilesnoyauxdecongélation sur lesquels s'agrègentlescristauxdeglace qui formentlesgrêlons. Commelaquantité d'eau dans le nuage est constante, il y a plusdegrêlons, mais ils sont plus petits : ils tombent plus lentement et ont même souvent le tempsdefondre », dit-il.

Episodesdegrêleplus violents

Dequoi protégerlesviticulteurs, mais pas seulement. « Des grêlonsde3 à 5 centimètres, ça fait des dégâts surlestoitures,lesvérandas… », avance Sandra Scavennec, coordinatrice du réseau Prévigrêle auquel appartient Jean-Claude Micol. A Saillans, danslaDrôme, à quelques kilomètresdelazone couverte par son réseau, des grêlonsde750 grammes ont détruit toits et pare-brisesenjuillet 2023.

Il n'y a finalement pas eudegrêleà Carpentras le 15 août. Un collèguedeJean-Claude Micol, prèsdeSuzette, à une quinzainedekilomètresdelà, n'a pas eulamême chance. « Mais vous voyez, aucun grêlon n'a dépassé 1 centimètre,lesimpacts sont légers », fait valoir Sandra Scavennec,enmontrantlaplaquedepolystyrène témoin que le viticulteur vientdelui apporter.

L'ensemencement desnuagespourcontrôlerlamétéo existe depuisdenombreuses années. Mais Sandra Scavennec s'attend à ce qu'il suscite un intérêt croissant avec le changement climatique. « Selonlesscientifiques, il y aura danslesdécennies à venir moins d'épisodesdegrêle, mais chaque épisode risque d'être plus violent », dit-elle.Lesépisodesdesécheresse, également appelés à se multiplier, pourraient aussi lui ouvrirdenouvelles perspectives dans l'Hexagone.

Jean-Claude Micol estime quelatechnique est efficace à « 50 %, 60 % » - un chiffre difficile à démontrer. «Laseule fois où j'ai perdu une partiedema récolte, je n'avais pas pu allumer le générateur », dit-il, évoquant quatre épisodesdegrêleseulementenvingt-sept ans.

Coût des récoltes perdues

Le viticulteur dépend aussi des générateursdeses voisins, qui maillentlesnuagesensemencés. « Notre réseau compte 185 générateurs danslarégion Sud-Est », indique Sandra Scavennec. Prévigrêle appartient lui-même à l'Association nationale d'étude etdelutte contrelesfléaux atmosphériques (Anelfa), qui fournit le matériel et totalise plusde1.000 générateursenFrance métropolitaine.

S'appuyant surlesétudes d'Anelfa - etlabonne santédeses propres cultures -, le viticulteur estime que l'iodure d'argent n'a pas d'impact environnemental significatif, compte tenu des faibles quantités utilisées.Enrevanche, il connaîtlesdégâts que peut provoquerlagrêle. « Mon voisin Jean-Claude a perdu 100 %desa récolte, avantdes'équiper d'un générateur », dit-il.

A Carpentras,lesfrais sont prisencharge parlacommunauté d'agglomérations (environ 20.000 euros par an) , etlesgénérateurs opérés par des bénévoles.Lesexploitants indépendants horsdelazone qui souhaitent s'équiper devront débourser environ 2.000 euros par an, tout compris.

A mettreenregard du coût d'une récolte perdue : selon l'Anelfa, l'événementdegrêlele plus cherdel'histoire, survenu du 6 au 10 juin 2014, a coûté à lui seul 850 millions d'euros aux assureurs.Lesindemnisations liées aux aléas climatiques ont représenté 6,5 milliards d'eurosen2023.

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Climat : manipuler les nuages, une technologie controversée 

Utilisé de longue date, l'ensemencement des nuages pour contrôler la pluie suscite un intérêt croissant dans certains pays, notamment la Chine. Son efficacité et son absence d'impact environnemental ne font toutefois pas consensus auprès des scientifiques.

Par Anne FEITZ, Publié le 28 août 2024 à 07:36Mis à jour le 28 août 2024 à 09:38

Sécheresse persistante dans les Pyrénées-Orientales ou dans l'Aude, épisodes de grêle de plus en plus destructeurs : face aux effets à venir du réchauffement climatique, la tentation est grande de vouloir contrôler la météo, en particulier la pluie ou la grêle.

En France, l'ensemencement des nuages, pour contrôler la grêle, est déjà utilisé de longue date. L'Association nationale d'étude et de lutte contre les fléaux atmosphériques (Anelfa) a mis au point une technique, permettant, en envoyant de l'iodure d'argent dans les nuages, de réduire la taille des grêlons.

« Les cristaux de glace se développent sur davantage de particules contenues dans un nuage. Il n'y a pas plus d'eau, les grêlons sont donc moins gros », explique Sandra Scavennec, coordinatrice du réseau Prévigrêle, l'un des membres de l'Anelfa.

Lutter contre la sécheresse

L'Anelfa utilise des « générateurs terrestres à vortex », qui envoient l'iodure d'argent depuis le sol en s'appuyant sur les courants ascendants. D'autres, comme la société française Selerys, utilisent des ballons pour disséminer les particules. D'autres encore, à l'étranger, les propagent grâce à des avions.

« Une cinquantaine d'Etats dans le monde pratiquent l'ensemencement des nuages », explique Marine de Guglielmo Weber, chercheuse à l'Institut de recherche stratégique de l'Ecole militaire (Irserm), qui a fait sa thèse sur le sujet. « Si la France n'y recourt pour l'instant que pour lutter contre la grêle, d'autres, comme les Etats-Unis, les pays du Sahel ou les Etats du Golfe l'utilisent aussi pour augmenter les chutes de pluie. »

La Chine est sans doute le leader mondial de la technique : elle y consacre d'énormes investissements, l'ayant par exemple utilisée pour faire pleuvoir avant la cérémonie d'ouverture des JO de Pékin en 2008, ou pour lutter contre la sécheresse dans la région du fleuve Yangtsé en 2022.

« Elle est en train de mettre en place le plus grand programme au monde de lutte contre la sécheresse, sur le plateau tibétain », indique la chercheuse. On a un temps soupçonné les Emirats arabes unis d'avoir ainsi provoqué les inondations de Dubaï de mars dernier - ce qu'ils ont démenti.

La technologie est toutefois controversée. D'abord, parce que son efficacité reste discutée. « Il n'y a pas de consensus scientifique sur la question », explique Marine de Guglielmo Weber. « La pluie ou la grêle sont des phénomènes naturels dont la variabilité est très élevée. Il est très difficile de les corréler à une activité humaine et de savoir ce qui se serait passé sans intervention. »

Ralentir les troupes vietnamiennes

Par ailleurs, son impact sur l'environnement est encore très peu documenté. Si l'Anelfa affirme, études à l'appui, que les quantités d'iodure d'argent utilisées sont trop faibles pour être nocives, Marine de Gugliemo Weber est plus circonspecte. « Certes, si l'iodure d'argent avait des effets massivement toxiques, on l'aurait déjà constaté », reconnaît-elle. « Mais on ne connaît pas les effets d'une accumulation dans le temps, ni ceux d'une interaction avec d'autres substances présentes dans les sols. Une étude parue en 2016 a aussi montré ses effets nocifs sur les micro-organismes, qu'il conviendrait de creuser. »

Enfin, l'ensemencement des nuages pose une question de réglementation. Les Etats-Unis l'ont utilisé pendant la guerre du Vietnam, pour provoquer des inondations et ralentir les troupes vietnamiennes. Depuis, l'ONU a adopté, en 1976, une convention (Enmod) interdisant de l'utiliser à des fins militaires. Mais même à des fins civiles, son utilisation peut provoquer des tensions. En 2018, un général iranien a accusé Israël de manipuler les nuages, afin d'éviter qu'il pleuve en Iran.

Certains réclament dès lors un statut juridique pour les nuages. L'avocat et romancier français Mathieu Simonet veut même les voir inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco. Dans un contexte de raréfaction de la ressource en eau, la question de la réglementation de leur ensemencement fait déjà l'objet de réflexions.

 

Budget 2025 : le projet de Gabriel Attal prévoit de nouvelles coupes pour la transition écologique 

Par Anne FEITZ Publié le 29 août 2024 à 14:33Mis à jour le 29 août 2024 à 20:02

La « lettre plafond » envoyée par Matignon au ministère de la Transition écologique, dans le cadre de son budget 2025 « provisoire », prévoit 1,5 milliard d'euros de baisses de crédits pour MaPrimeRénov', et le verdissement du parc automobile, par rapport au budget 2024.

Rien n'est évidemment définitif, puisqueleprojetdebudget 2025 préparé parlePremier ministre démissionnaireGabrielAttaldevra être revu et corrigé parlenouveau chefdel'exécutif. Maisla« lettre plafond » envoyée il y a dix jours par Matignon au ministèredelaTransitionécologique, révélée en partie parlesite spécialisé Contexte, n'augure riendebonpourlatrajectoire carbonedelaFrance dans les années à venir.

MaPrimeRénov' etlebonus automobile : les principaux leviers envisagéspourréduire les émissionsdegaz à effetdeserre des secteurs les plus pollueurs sont sacrifiés. Au total, selon nos propres informations, ces enveloppes seraient amputées d'environ 1,5 milliard d'euros (en créditsdepaiement), par rapport au budget 2024. Elles avaient déjà subi un coupderabot substantiel (de1 milliard) lorsque Bercy avait annoncé 10 milliards d'euros d'économies en février.

Non-consommationdel'enveloppe

L'enveloppe attribuée à MaPrimeRénov', prévuepouraider les particuliers à lancerlarénovation énergétiquedeleurs logements, serait diminuée d'environ 1 milliard d'euros - et donc maintenue à son niveau aprèslecoupderabotdefévrier, à 3 milliards d'euros.

En février,legouvernement avait justifiélachute du budget des aides parlanon-consommationdel'enveloppe en 2023 et au débutde2024.LaréformedeMaPrimeRénov' engagée début 2024pourfavoriser les rénovations d'ampleur avait, il est vrai, fait plongerlenombrededossiers, maislerétropédalage opéré en mars avait inversélatendance. Fin juillet, alors que 1 milliard seulement, sur les 3 prévus en 2024, avait été consommé, les professionnels observaient un nouvel attentisme des propriétaires à engager des travaux, tant quelasituation politique ne serait pas éclaircie.

L'autre grande coupe envisagée, qui risquederalentir sérieusementladécarbonationdelamobilité, est celledel'enveloppe consacrée au verdissement du parc automobile : elle tomberaitde1,5 à 1 milliard d'euros. Il s'agiraitderéduire encorelebonusécologique(accordé aux acheteursdevoitures électriques neuves) oudelimiterleleasing social (permettant aux ménages modestes d'acquérir une voiture électrique à 100 euros par mois). Les crédits prévus sur les transports en commun seraient aussi sérieusement réduits.

Lebonus avait déjà été raboté en début d'année, et réorienté sur les personnes à faibles ressources, tandis quelesuccès du leasing social avait conduitlegouvernement à fermerleguichet dès février, après 50.000 commandes. L'une des mesuresdecampagnedeGabrielAttal, avant les législatives, consistait pourtant à doublerlenombrededossiers correspondants en 2025.

Douche froide

EnfinleFonds vert, destiné à aider les collectivités locales à engager leurtransitionécologique, ne comporterait pasdenouveaux crédits. Les crédits versés atteindraient environ 300 millions, compte tenu des engagements pris les années précédentes.LeFonds vert serait dotédeseulement 1 milliard d'euros d'autorisations d'engagements en 2025, à dépenser les années suivantes.

Outil jugé indispensable pardenombreux territoires, qui l'utilisentpourlarénovation thermiquedeleurs bâtiments oupourchanger leur éclairage public, il avait déjà été réduitde2,5 à 2 milliards d'euros en février, lors des dernièrescoupesbudgétaires. MaisleministredelaTransitionécologique, Christophe Béchu, avait annoncé en grande pompe en avril qu'il serait sanctuarisé à ce niveau.

Même provisoire, cette lettre plafond risque d'avoir l'effet d'une douche froide sur les professionnels et les investisseurs, publics ou privés, qui ont besoindestabilitépourengager les dépenses nécessaires àlatransitionécologique.

Et ce, même si parallèlement les crédits prévuspourledéveloppement des énergies vertes augmententde4,5 milliards d'euros : une hausse mécanique et non pilotable liée aux contrats d'achatdel'électricité renouvelable, compte tenudelaforte baisse des prixdel'énergie. Au total, et compte tenudecette hausse mécanique,lebudget du ministère serait appelé à augmenterde2,8 milliards d'euros.

« Cette lettre plafond ne veut pas dire grand-chose en elle-même : tout dépend en réalité du contenu précis des mesures envisagées, comme les barèmes du bonus automobile, par exemple. Par ailleurs, nombre descoupesenvisagées n'ont aucune chance d'être adoptées au Parlement : les élus locaux ne voteront pas un Fonds vert réduit à zéro alors qu'ils ont planifié des investissements, veut croire un bon connaisseur du dossier. Il n'empêche, c'est très mauvaispourlatransitionécologique, car cette lettre risquedeservirdepointdedépart aux négociations lors des vraies discussions budgétaires. »

Legouvernement démissionnaire avait décidé que les crédits alloués dans ce budget 2025 seraient globalement stables, en valeur absolue. Ce qui, compte tenudel'inflation, revient à trouver environ 10 milliards d'économies l'an prochain, avait expliqué Matignon en présentant ces travaux.

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Forêts : « En faisant de la plantation d’arbres la règle, Emmanuel Macron a fait le choix d’une politique soutenant les pratiques les plus controversées »

Sylvain Angerand, Ingénieur forestier

Dans une tribune au « Monde », le coordinateur de l’association Canopée, Sylvain Angerand, appelle à revoir le volet forestier du plan France Relance, dont il évalue négativement l’impact sur la biodiversité et les puits de carbone.

Dans l’inconscient collectif, planter un arbre est un symbole d’action écologique. En annonçant vouloir planter 1 milliard d’arbres en dix ans pour « renouveler » les forêts françaises, le président de la République a voulu marquer les esprits. Mais une forêt ne se gère pas en plantant des arbres. Au contraire, en faisant de la plantation la règle, Emmanuel Macron a fait le choix d’une politique forestière soutenant les pratiques les plus controversées au détriment de l’émergence d’une sylviculture plus durable basée sur les dynamiques naturelles et la résilience.

Le premier constat est que, dans plus de 85 % des projets financés, la forêt a été rasée avant d’être replantée. Parfois, malheureusement, ces coupes rases sont nécessaires. Mais les critères de sélection des projets sont si flous que les abus ont été et sont encore nombreux. Il suffit qu’une forêt comporte 20 % d’arbres dépérissants pour qu’elle puisse être qualifiée de sinistrée ou vulnérable. En conséquence, même si 80 % des arbres sont vivants, elle peut être rasée et replantée. Le plus souvent avec des résineux, plus recherchés par l’industrie.

Ethique de médecine

Cette politique est en contradiction, de plus en plus flagrante, avec le droit européen. Aucune évaluation environnementale n’a été réalisée, alors que les impacts sur la biodiversité ou le puits de carbone sont significatifs.

En détruisant de façon volontaire des stocks de carbone, le gouvernement prend le risque de ne pas respecter son objectif d’absorption de carbone dans le secteur des terres à l’horizon 2030 et de s’exposer à une très forte amende.

Dernière réalité, cette politique de plantation est très gourmande en fonds publics. Le volet forestier du plan de relance a coûté environ 150 millions d’euros pour « renouveler » environ 36 000 hectares de forêt, soit un investissement public de 4 145 euros par hectare.

Malgré ce fort niveau de dépenses, de nombreuses forêts, notamment des forêts publiques dans le Grand-Est, n’ont pas pu être reconstituées. Certains acteurs de la forêt privés ont, en effet, capté ces aides pour financer des projets « ne relevant pas directement de l’adaptation des forêts au changement climatique » , comme le souligne la Cour des comptes.

Nous proposons donc une approche différente : concentrer les moyens lourds (coupe rase et plantation sur la totalité de la surface) pour des situations exceptionnelles et adopter une logique plus douce et moins coûteuse ailleurs. Autrement dit, établir une éthique de médecine pour la forêt : réduire les facteurs de vulnérabilité, détecter de façon précoce les problèmes, soigner de façon ciblée et amputer seulement lorsqu’il n’y a plus d’autre choix.

La clé de voûte de cette stratégie est d’adopter un plan pour promouvoir la sylviculture mélangée à couvert continu [gestion à travers laquelle la forêt est maintenue dans sa structure naturelle, entretenue par des coupes de bois légères, et qui favorise le mélange d’essences] partout où cela est possible.

Plutôt que de focaliser le débat sur ce qu’il faut planter, il s’agit de se concentrer sur l’amélioration et l’enrichissement de l’existant par des travaux plus ciblés, moins intensifs mais plus fréquents. Objectif : renforcer progressivement la résistance et la résilience des forêts en restaurant un bon état de fonctionnement écologique. Une stratégie parfaitement alignée avec l’agenda européen.

Avec un forfait ou un crédit d’impôt de 500 euros par hectare pour réaliser des travaux d’amélioration (éclaircie légère, petite plantation d’enrichissement, ouverture de cloisonnement), cela permettrait de traiter une plus grande surface de forêt. Une stratégie qui monte en puissance en Allemagne. Lors de la précédente législature, deux propositions de loi, portées par des députés de différents partis politiques, ont été bloquées par le ministère chargé de l’agriculture et des forêts.

Notre politique forestière ne doit plus se résumer à un slogan de communication sur un nombre d’arbres plantés. La nouvelle donne à l’Assemblée nationale est une occasion pour enfin ouvrir un large débat transpartisan sur l’avenir de nos forêts.

 

A69 : comment l’autoroute a ignoré les rappels à l’ordre de l’État

Mediapart a eu accès à des courriers échangés entre l’administration et Atosca, le concessionnaire de l’autoroute contestée entre Castres et Toulouse. Ils documentent le passage en force de l’entreprise pour déboiser des zones pourtant protégées. Trois nouvelles plaintes ont été déposées cet été en lien avec les chantiers.

Jade Lindgaard, 5 août 2024 à 10h53

Au nom d’une autoroute, jusqu’où une entreprise est-elle autorisée à aller dans la désobéissance à la loi ? C’est la question que posent des documents issus de l’administration et obtenus par Mediapart dans le dossier contesté de l’A69.

Ils concernent d’abord le déboisement du site de la Crémade, à Saïx, dans le Tarn. En février, des activistes avaient occupé ce bois pour empêcher l’abattage d’arbres. Pour les faire partir, les gendarmes avaient utilisé des méthodes particulièrement brutales : blocage de leur approvisionnement en nourriture, perturbation pendant leur sommeil, arrestations violentes, usage disproportionné de grenades lacrymogènes, déversement de produits inflammables au pied d’arbres occupés. Au point que le rapporteur spécial de l’ONU sur les défenseurs de l’environnement, Michel Forst, s’était rendu sur place et avait exprimé ses « vives préoccupations » auprès du gouvernement.

Pour justifier leur action, les militant·es s’appuyaient sur l’arrêté préfectoral autorisant les travaux. S’il donne le feu vert pour construire les 54 km de route, il classe certaines parcelles à « enjeu écologique fort » et leur accorde de ce fait une protection renforcée. C’est le cas du bois de la Crémade où six espèces de chiroptères (des chauves-souris) ont été repérées. Le pigeon colombin, un animal rare et reconnu d’intérêt patrimonial, y est aussi observé. Tout comme la salamandre tachetée et la mésange à longue queue.

Mais Atosca, l’entreprise concessionnaire de l’autoroute entre Castres et Toulouse, n’a eu de cesse d’affirmer que le site avait été déclassé et ne représentait plus d’enjeux environnementaux majeurs – y compris devant les parlementaires qui ont auditionné ses représentants en avril. Et qu’elle pouvait donc tronçonner les arbres en toute légalité.

C’est pourtant tout l’inverse que révèlent les courriers et les rapports de la police de l’environnement que nous avons pu consulter : les services du ministère de l’écologie, de la préfecture du Tarn et de l’Office français de biodiversité (OFB) ont rappelé à l’ordre l’entreprise à de nombreuses reprises pour ses manquements aux obligations que lui imposait le décret d’autorisation du chantier.

Le 20 février, le directeur de la Dreal, l’antenne du ministère de l’écologie en Occitanie, Patrick Berg, écrit au directeur général d’Atosca, Martial Gerlinger, pour le prévenir que certaines zones où son entreprise prévoit de déboiser « ne peuvent pas à [son] sens être considérées comme à moindre enjeu » environnemental à cette période de l’année.

En effet s’y trouvent des arbres où habitent des chiroptères (des chauves-souris), des oiseaux et des écureuils roux. Le représentant de l’État lui demande, de plus, de ne pas couper les boisements et alignements d’arbres qui n’ont pas encore été inspectés par le bureau d’études Biotope. Et termine sa lettre en rappelant le maître d’ouvrage à ses responsabilités : ses travaux doivent « rigoureusement » respecter leur arrêté d’autorisation.

« Aucun abattage ne doit avoir lieu »

Trois jours plus tard, nouveau courrier : l’entreprise a bien envoyé à l’administration le rapport d’un écologue. Mais il est trop imprécis, notamment sans cartographie, pour être validé. Surtout, la Dreal a été prévenue par l’OFB que 32 arbres avaient été abattus dans le bois de la Crémade, celui qu’il s’agissait de protéger.

Le 5 mars, le directeur de la Dreal envoie un nouveau courrier au constructeur de l’autoroute : il ne valide pas l’évaluation écologique des sites qu’a établie l’entreprise. Et pour que les choses soient très claires, il énumère la liste précise des parcelles qui peuvent être déboisées. Celles qui « ne peuvent pas être déboisées à cette période » - les caractères sont en gras – jusqu’au 1er septembre. Et celles où « aucun abattage ne doit avoir lieu » avant validation par l’administration.

Il prévient en outre Atosca que le retrait de nids d’oiseaux et l’obstruction de cavités dans les arbres pour les empêcher d’y habiter ne sont pas autorisés, puisque la loi demande de préserver les habitats des espèces protégées, et non de les faire fuir.

Dans un autre courrier du même jour, le représentant du ministère de l’écologie en Occitanie insiste auprès d’Atosca : « Je vous demandais de préserver ces arbres. » Désormais il est trop tard : « le secteur » ne représente plus d’ « enjeu résiduel » car ce qui devait y être protégé a été détruit.

La Dreal en conclut donc que ces opérations n’ont pas été conformes au droit et transmet à Atosca un premier rapport de manquement administratif - une forme de procès-verbal constatant le non-respect d’un règlement. Concernant l’abattage non autorisé des 32 arbres du bois de la Crémade : les coupes des 21 et 23 février dans le bois de la Crémade – celui qui avait été occupé par les activistes – ont eu lieu « sans validation de la Dreal ». Les impacts sont directs sur la nidification des espèces protégées alors que celle-ci était « très probable » et même « imminente ». De plus, des cavités ont été obturées pour faire fuir les chiroptères, ce qui est contraire à ce que demandait l’arrêté préfectoral, et à ce que demandait spécifiquement la Dreal dans son précédent courrier.

Le 21 mars, Atosca répond au Dreal. L’entreprise maintient sa position, considérant qu’elle pouvait déboiser car ses « reconnaissances » sur le terrain n’ont pas montré d’enjeux écologiques particuliers. L’explication qu’elle en donne est d’ailleurs révélatrice : des zones ont été « défavorabilisées », c’est-à-dire qu’elles ont perdu leur caractère hospitalier pour les espèces protégées, en raison des nombreux travaux préparatoires et de l’abattage de boisements contigus. Autrement dit, les chantiers liés à l’autoroute, avec leur bruit, leurs vibrations et leur début de destruction de l’écosystème avaient déjà fait fuir une partie des animaux.

Comment expliquer que les constructeurs de l’A69 se soient sentis autorisés à braver les alertes des services de l’État ? Sollicité par Mediapart, Atosca a dit ne pas être en mesure de répondre, son directeur étant en congé. Bien qu’il ait donné une conférence de presse le matin même de notre demande.

Mais dans son courrier du 21 mars, il apporte un argument supplémentaire et surprenant : les coupes de la Crémade « ont été réalisées sous l’injonction des forces de l’ordre, devant des débuts d’occupation ou tentatives d’occupation des arbres par des opposants ».

Déjà 250 millions d’euros dépensés

La préfecture du Tarn, qui commandait les opérations, avait pourtant été destinataire des courriers de la Dreal expliquant que ces coupes contrevenaient au droit. Interrogée à ce sujet par Mediapart le 1er août, elle nous invite à « poser [nos] questions à Martial Gerlinger » le directeur d’Atosca. Michel Vilbois, préfet du Tarn au moment de ces événements, a depuis été démis de ses fonctions en raison de son management brutal.

Devant la commission d’enquête parlementaire sur l’A69, le dirigeant d’entreprise avait déjà déclaré au sujet de cet épisode avoir fait couper « quelques arbres », et cela « à la demande des forces de l’ordre » et « compte tenu d’enjeux de sécurisation et de complexité de gestion du site ».

Lors de sa conférence de presse du 31 juillet, il a affirmé avoir « tous les feux au vert » pour la poursuite le chantier, en dépit du « moratoire sur les grands projets d’infrastructures autoroutières » promis par le Nouveau Front populaire dans son programme. « Nous considérons que nous ne sommes plus un projet, mais un chantier très actif, avec 250 millions déjà dépensés », a ajouté le dirigeant. La mise en service de l’A69 est toujours annoncée pour fin 2025.

Plusieurs associations (dont France Nature Environnement Occitanie Pyrénées, le Groupe national de surveillance des arbres, les Amis de la terre de Midi-Pyrénées) ont déposé plainte le 16 juillet contre X avec constitution de partie civile mi-juillet pour les faits qui se sont déroulés à la Crémade. Les qualifications pénales visées sont : destruction et atteinte à la conservation d’espèces en dehors du cadre autorisé, avec la circonstance aggravante de la bande organisée.

Deux autres plaintes ont également été déposées : l’une pour faux et usage de faux, trafic d’influence et prise illégale d’intérêt concernant une autre partie du chantier, et l’autre pour faux et usage de faux, risque causé à autrui et entrave au libre écoulement d’un cours d’eau – concernant un risque d’inondation. « Nous demandons un moratoire sur le projet de l’A69 et la suspension des travaux sur l’intégralité du tracé pour qu’un contrôle rigoureux des services de l’état puisse être fait » écrivent les associations requérantes dans un communiqué du 5 août.

Mais ce n’est pas tout. Car au total, l’entreprise construisant l’A69 a reçu pas moins de huit rapports de manquement administratif entre le 17 octobre 2023 et le 21 mai 2024. Rédigés par des agents de l’Office français de biodiversité (OFB), ils énumèrent les entorses au décret d’autorisation des travaux qu’ils ont constaté lors de leurs visites d’inspection. Elles sont nombreuses.

Le 17 octobre 2023 : 19 arbres ont été abattus « malgré leur statut à éviter », le balisage manque sur 74 % des arbres, des troncs sont entassés au sol et exposés au risque de moisissure. Une semaine plus tard, nouveau contrôle : des arbres où habitent des grands capricornes, un coléoptère protégé, ne sont pas signalés. En bordure de chantier, 136 arbres et arbustes ont été abattus. Un milieu sensible est « altéré » par le passage des engins de travaux.

Le 5 décembre, ce sont cette fois des agents de la direction départementale des territoires (DDT), un service de la préfecture du Tarn, qui conduisent un contrôle inopiné du chantier. Ils en décrivent l’impact sur des cours d’eau : « altérations » des berges et comblement d’une partie du lit du Verdier, sur 20 mètres.

Conséquences « majeures et irréversibles »

Le 26 mars 2024, nouveau contrôle par des agents de la DDT – programmé cette fois. De nouvelles non-conformités sont constatées :  dysfonctionnements dans la gestion des eaux pluviales, travaux de dérivation non déclarés sur un cours d’eau.

Deux jours plus tard, c’est l’OFB qui verbalise de nouveau l’entreprise : la majorité des sujets contrôlés sont conformes à la réglementation (65 %) mais certaines non-conformités sont « majeures et irréversibles ou difficilement réversibles », comme la coupe d’arbres et de boisements qui étaient à éviter.

Le 24 avril, la DDT vient contrôler les prélèvements en eau sur le chantier : elle est puisée dans le cours d’eau du Rivalou sans déclaration préalable. Deux jours plus tard, de nouveaux problèmes de gestion des eaux pluviales sont constatés sur le chantier. Le 21 mai, d’autres manquements sont observés, notamment concernant un risque de pollution par déversement.

Pour Gilles Garric, du collectif la Voie est libre opposé à l’A69, « tout cela montre qu’Atosca fait n’importe quoi et ne respecte pas l’arrêté préfectoral alors qu’ils prétendent faire une autoroute vertueuse ».

Christine Arrighi, députée EELV de Haute-Garonne, et rapporteuse de la  commission d’enquête parlementaire sur le montage juridique et financier de l’A69, affirme : « Je ne peux pas imaginer un seul instant qu’il n’y ait pas au ministère des transports un dossier avec la liste de projets autoroutiers devant être revus ou abandonnés. Ce projet, qui ne prend à aucun moment au sérieux la piste d’une alternative ferroviaire, est issu d’un logiciel des années 70. Il est impossible que le gouvernement ne se soit pas à un moment posé la question de le maintenir. » Elle espère que la commission pourra terminer ses auditions et publier son rapport à la rentrée.

Sur le tracé de l’autoroute, début août, trois sites sont toujours occupés par des opposant·es, qui appellent à les rejoindre pour un festival baptisé « Ciao A69 ». De son côté Atosca annonce vouloir reprendre l’abattage des arbres le 1er septembre : « Nous avons déjà coupé 95 % des arbres nécessaires au tracé de l’autoroute, il ne reste que quelques hectares à abattre », a déclaré son directeur général.

Au vu des courriers dévoilés par Mediapart, on comprend pourquoi.

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So what does is change about the facts in this article? If know about her, I guess you known about the social cleansing that happened in Paris, so why just focus on her instead of the subject ?

she does more hurt to her community than anything.

Funny enough, this critic is mostly made from people outside "her community"...

[–] [email protected] 3 points 3 months ago (3 children)

What's wrong ?

 

this unifying narrative introduced an Olympic and Paralympic Games that in reality are not all that inclusive. (...) To make these Games happen, Paris had to undertake a programme of intense social cleansing.

According to an investigation by a collective named Le revers de la médaille (The other side of the coin), 12,545 people (including 3,434 minors) were evicted – some of them forcibly – across the Paris region between April 2023 and May 2024, which is a 38.5% increase on the 2021-22 period (twice as many as last year, and almost three times more than in 2021-22 for the minors)
(...)
Another odious policy that has accompanied preparations for the Olympics and Paralympics is that homeless people have been hidden or driven away by such measures as the installation of anti-homeless urban furniture. Almost 1,000 students were forced to vacate their university accommodation (provided by the official student services organisation) for police officers, firefighters and healthcare workers on duty during the Games. Many of them reported their shock at being met by utterly squalid conditions, including cockroaches, mould and mice. In addition to the filth, what is shocking is that it has taken the Olympics to expose the living conditions of students, despite repeated denunciation by their unions. (...)

The surveillance extends well beyond QR codes. The legalisation of algorithmic surveillance, which allows for real-time behaviour analysis using AI to anticipate supposedly suspicious acts, is a “violation of the right to privacy”, according to Amnesty International. This system, fuelled by human biases against certain populations, will be amplified. Moreover, it will persist beyond the Olympic Game.

 

Toujours à propos des forets : https://www.la-croix.com/planete/chancre-colore-quand-l-ombre-des-platanes-vient-a-manquer-20240702

Enquête : Le chancre coloré, un champignon parasite arrivé en France en 1945, provoque chaque année la mort de milliers de platanes. Après avoir longtemps été cantonné au sud du pays, il menace aujourd’hui de s’implanter à Paris, où un tiers des arbres en bord de rue sont des platanes.

Si vous l'un ou l'autre des articles ne vous sont pas accessibles, je pourrais les partager ici mais à priori ils le sont sans être connecté au site.

[–] [email protected] 2 points 4 months ago

Pas envie aussi, surtout.

[–] [email protected] 1 points 5 months ago

Si je peux juste critiquer un truc sur ta critique c'est que Blois n'est pas Paris !

Plus sérieusement et pour le plaisir d'être tatillon, cette mage sert ici à montrer comment ces projets sont représentés par les acteurs qui y poussent autour et pas spécialement pour montrer un archétype de micro-foret ;)

[–] [email protected] 4 points 10 months ago (2 children)

#SoleilRose ?

Les parallèles avec ce film, devienennt de plus en plus troublants et terriffiants... Ici, on avance(rai) vers ce monde où les privilégiés auraient encore accès à de la vraie viande et bons légumes et pour nous autres des substituts industriels pour vivoter à faire tourner la "machine" pour les privilégies ?

Plus largement, et au-delà des considérations éthiques, se pose un problème quasi philosophique. Quelle direction a pris l'humanité pour qu'un bon nombre de recherches soient mises en œuvre pour donner une apparence de viande à ce que l'on mange? Doit-on vraiment donner une saveur de côtelette porcine à nos légumes pour sauver notre planète? Peut-être devrait-on donner aux chercheurs de Moolec Science une bonne recette de poêlée de pousses de soja aux échalotes, ça règlerait le problème.

[–] [email protected] 16 points 10 months ago* (last edited 10 months ago) (3 children)

Former US President Donald Trump said: ‘What do you have to lose? Take it.’

As a proud and patriotic French, I can't let the murican brag about their (former) President without bragging about our former and current President whom happen to be a very good epidemiologist :

https://www.science.org/content/article/france-s-president-fueling-hype-over-unproven-coronavirus-treatment

Today his profile rose even higher, as French President Emmanuel Macron traveled to Marseille to meet Raoult, a hospital director and researcher who led the two trials. Macron did not comment after the meeting, but the rendezvous, initiated by Macron, was a clear sign of Raoult's newfound political clout. Jean-Paul Hamon, president of the Federation of Doctors of France, one of many scientists and doctors critical of the meeting, called it "showbiz politics."

A survey released by French polling institute IFOP on 6 April revealed that 59% of the French population believes chloroquine is effective against the new coronavirus. Confidence in the drugs is higher on the far right and far left, and reached 80% among sympathizers of the "yellow vest" movement that staged massive protests against Macron's economic policy in 2018 and 2019. Support is also very high, at 74%, in the Marseille region.

Karine Lacombe, head of infectious diseases at the Saint Antoine Hospital in Paris, has said on French TV that she and her team have received repeated "physical threats" for refusing to prescribe chloroquine; she said she has also seen many falsified prescriptions for the drug. Other doctors have reported similar experiences. The pressure comes on top of the stress caused by shortages of protective equipment, diagnostic tests, and medical staff.

[–] [email protected] 2 points 1 year ago

Dommage pour eux, ils n'ont pas de pétrole sinon on aurait pu s'arranger (Eau française contre pétrole : dans le secret d'un projet discuté au sommet de l'Etat) pour relancer cette brillante idée : Projet de transfert d'eau Rhône-Barcelone

[–] [email protected] 1 points 1 year ago (1 children)

Il va vraiment défendre que chauffer 10 maisons isolées c’est plus simple énergétiquement que chauffer un bloc de 10 appartements sur 3 étages?

Non ? :)

Comment toujours pour penser un changement de système vers quelque chose de plus résilient et soutenable sans passer par la caser régime autoritaire, il faut penser au delà de la seule question des GES et de le production-consommation d'énergie. On peut pas changer de système sans changer le récit, la fiction collective, de l'imaginaire qui nous y mettent en mouvement, en se débarrassant, de l’imaginairement actuel et du mouvement dans lequel on semble être quasi prisonnier. Ce mouvement qu'on l'appel capitalisme, productivisme etc se fonde autours des grandes villes, c'est la métropolisation du monde que se déploie à sur une multitude d'échelles imbriquée. Nos villes et grandes métropoles sont les concrétisations de l'organisation spatiale du monde par la "globalisation capitalisée" en même temps quand la conditions indispensables à cette mondialisation. aujourd'hui même la campagne profonde en France et organisée économiquement, spatialement et politiquement pour les villes et leur place dans la hiérarchie urbaine de l'économie mondiale.

C'est de cet imaginaire que Faburel pense qu'il faut de débarrasser et combattre pour innover et en inventer d'autres imaginaire. Réinvestir les campagne est un outil pour casser cet imaginaire en montrant (rappelant) qu'on peut avoir des modes de vie qui ne gravitent pas autour de l'urbain mondialisé.

Enfin remarque importante la campagne ce n'est pas que des maison isolée, c'est mêmes principalement pas des maisons isolées !

Les petites villes et villages de la campagne depuis des siècles ont été construits avec des habitations dans un espace serrés notamment pour pouvoir profiter de l'isolation et du chauffage des voisins. Va voir les vieux centres bourgs ou les petits villages qui encore un modèle d'urbanisme hérité de siècles d'histoire et tu verres que toutes les maisons de villes/village sont collées mitoyennes sans jardins qui les séparent. Avec les espaces autours du villages servant à la culture, l'élevage, l'industrie et à l'entretient de la ou les forets domaniales pour le chauffage.

[–] [email protected] 3 points 1 year ago

Autre papier scientifique (2021) sur le sujet : Le climatoscepticisme : une approche interdiscursive, Renaud Hourcade et Albin Wagener

Il nous semble qu’adopter ce regard éclaire certains ressorts sociolinguistiques du climatoscepticisme, en dessinant les contours d’un espace dialogique élargi de ce phénomène. Ce prisme fait ressortir un point saillant : le solide ancrage et les multiples résonances des contre-discours climatiques au sein d’un univers discursif davantage articulé par une idéologie politique et un système de valeurs que par le souci de produire une critique scientifique raisonnée des connaissances climatiques. Selon les contextes nationaux, ces idéologies matricielles peuvent connaître des nuances et des degrés différents de polarisation. Elles varient aussi selon les groupes et les individus (Godard, 2012). Mais ces nuances n’empêchent pas de leur reconnaître un mécanisme commun : la perception des politiques climatiques et du consensus international qui les sous-tend comme une menace majeure, pesant sur des valeurs ressenties comme essentielles. Mesurer les résonances interdiscursives du climatoscepticisme permet de comprendre en quoi cette menace s’articule à d’autres sources d’inquiétude, comme le véganisme pour les consommateurs et producteurs de viande ou l’Union européenne pour les Brexiters, et de mesurer l’effet de cette articulation sur la circulation des discours. Une telle démarche, espérons-nous, pourra contribuer à expliquer le succès social d’une thèse pourtant battue en brèche dans le champ scientifique et par les sections dominantes du monde médiatique et politique – ce qui est précisément l’un des terreaux de son succès.(...) (...) Ainsi donc, les contributions du présent numéro de la revue Mots. Les langages du politique permettent de mettre en lumière plusieurs caractéristiques du climatoscepticisme. Tout d’abord, il peut apparaître dans bien des discours sans y occuper une place centrale. Il y joue un rôle d’argumentaire complémentaire ou connexe, qui entre en résonance avec l’idéologie qui irrigue les énoncés des locutrices et des locuteurs. Mis en scène comme un ajout argumentatif, le climatoscepticisme semble voué à ce rôle secondaire, peut-être en raison du fait que le consensus concernant le climat semble ne plus laisser de réelle place à l’expression du doute, en dehors des rares groupes qui s’en sont fait une spécialité militante. Le second enseignement, et non des moindres, indique que le climatoscepticisme est susceptible de s’inviter dans un nombre apparemment assez varié de thématiques. Mobilisé sous la forme de fragments discursifs climatosceptiques, il peut être associé à une grande diversité de sujets de société – qu’il s’agisse de nos assiettes, de débats politiques nationaux, d’innovation technologique ou de productions de presse ou de réseaux sociaux. En d’autres termes, peu importent les dispositifs et les sujets : puisque le changement climatique est précisément un phénomène systémique qui questionne l’ensemble de nos modes de vie et choix de société, le climatoscepticisme se retrouve, en retour, mobilisé pour accompagner une pluralité de prises de position. D’une certaine façon, les fragments de discours climatosceptiques peuvent être analysés comme autant de poches de résistance anthropologique, culturelle et sociale, face à un phénomène qui interroge l’intégralité de notre rapport au monde et aux autres. Dans une certaine mesure, ces fragments discursifs climatosceptiques sont autant d’indices que l’urgence climatique est bel et bien perçue par toutes et tous, en lien avec un nombre indéterminable de sujets et de thématiques, et que cette prise en compte est ressentie comme menaçante par bon nombre de citoyennes et de citoyens. Elle est ressentie comme telle, car elle impose à toutes et à tous une prise de conscience rapide, des actions dans l’urgence, et surtout des renoncements considérables auxquels il peut être particulièrement difficile de s’affronter (Norgaard, 2011). Cela étant dit, les discours climatosceptiques ne doivent pas être uniquement considérés comme un phénomène anthropologique spontané d’autodéfense ; comme nous l’avons souligné, ils ont été et demeurent largement nourris par des groupes d’intérêt économiques, politiques et financiers, qui ont pour objectif de préserver leur domination et qui entretiennent dans ce but un double mouvement de mésinformation et de politisation

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