Alors que France télévisions a récemment diffusé un film sur le procès de Klaus Barbie, chef de la Gestapo condamné à la prison à perpétuité pour crime contre l’humanité en 1987, « La Tribune Dimanche » a dévoilé hier les ultimes confessions que le « bourreau de Lyon » avait faites en août 1979.
Il aura quand même gambadé 42 ans âpres la fin de la guerre le bougre avant qu'on ne l'attrape !
L’université de Stanford a, en effet, rendu publiques 14 heures d'enregistrements inédits de Klaus Barbie, captés en Bolivie par le journaliste de Stern Gerd Heidemann, qui accompagnait l'ancien SS Karl Wolff. Ces enregistrements jettent une lumière froide sur ce que l'ancien chef de la Gestapo à Lyon voulait dire, ou faire croire, près de quarante ans après les faits alors qu'il était en exil sous le nom de Klaus Altmann. Face au magnétophone, Barbie ne plaide pas coupable, mais construit un récit où Jean Moulin, chef de la Résistance, occupe une place centrale.
« Vous allez perdre la guerre »
« Je ne l'ai pas torturé. Il n'a pas été torturé. Au contraire, j'ai longuement conversé avec lui. Nous avons parlé de politique et d'autres choses. Vous pouviez discourir de politique tant que vous vouliez avec lui, il était ouvert d'esprit. Ce qui je voulais, c'est qu'il me parle de Londres, de son départ, de ses activités, etc. Il m'a dit : "Vous allez perdre la guerre". Il n'a pas parlé. Pas un mot, C'est pour ça que je le respecte », raconte l'ancien SS qui se remémore les jours d'interrogatoire, l’obstination du résistant, son alias - « Jacques Martel, artiste » - et la scène ou il a confondu le résistant. Barbie tend une feuille de papier à Moulin : « Très bien, dessinez-moi. » Provocation ou piège ? Le détenu prend le crayon, fait un croquis et le tend à Barbie qui signe au bas de la feuille : « Moulins », avec un s. Moulin s'empare de la feuille, barre la lettre superflue, et déclare : « C'est bon, c'est moi, Moulin. »
Barbie raconte aussi la détention du résistant, comment, selon lui, il a tenté de se suicider. « En prison, nous avions une cave en bas. C'est là que [Jean Moulin] a fait une tentative de suicide. Il était certes attaché par les mains mais je ne l'avais pas fait attacher par les pieds. Je n'y ai pas pensé. Les gardiens n'ont pas fait attention. Il prenait de l'élan et entrait avec la tête dans le mur et s'ouvrait le crâne. C'est pour ça qu'il est mort. Puis, il a été transporté à Francfort et il est mort pendant le transport ». Barbie confirme aussi la trahison de René Hardy qui a permis l'arrestation de Moulin à Caluire-et-Cuire le 21 juin 1943. Puis Barbie fait une confidence étonnante, qui illustre un respect étrange, teinté d'admiration perverse pour Moulin : il affirme avoir fait déposer au Panthéon, sur le cénotaphe de son « ennemi préféré ». Il n’était pas en France, mais dit avoir chargé un ami autrichien de le faire. « Klaus, j’étais aujourd'hui sur la tombe de Moulin. J'ai fait comme tu m'as demander. J'ai déposer une fleur, » lui téléphonera cet ami.
Les confessions de Barbie - qui s'endormait face à un portrait d'Hitler dans son petit appartement de La Paz et n'a jamais renier ses convictions nazies selon Gerd Deidemann - sont restées enfouies jusqu'à ce mois de mai. Elles confirment en tout cas que Klaus Barbie était bien le bourreau et Jean Moulin le héros...