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Le fond (jlai.lu)
submitted 1 week ago* (last edited 6 days ago) by [email protected] to c/[email protected]

Edit : je ne sais pas si vous verrez ce qui suit, mais je ne pouvais pas ne pas répondre à vos commentaires.

Merci. Merci de m'avoir lu. Merci de vouloir m'aider. Merci de ne pas me laisser seul.

J'ai tout lu. J'ai répondu quand j'ai pu. Quand j'avais autre chose à dire que "Merci". Quand ça ne rejoignait pas une réponse à un autre commentaire.

Par rapport aux jours où j'ai écris mon post, je me sens un peu mieux. C'est peut-être d'avoir écris. C'est peut-être de vous avoir lu. Je ne sais pas. Il y a des choses que j'aurai écrit différemment aujourd'hui.

Vous m'avez donner de la force. Des idées. Je vais essayer de m'en servir.

Certains commentaires m'ont beaucoup touché. Beaucoup. 😭

À ceux parmi vous qui ne se sentent pas non plus au top : courage ❤️


Avertissement : ce qui suit, en plus d'être long, n'est pas une lecture joyeuse. Si comme moi vous êtes au fond du trou, il serait peut-être mieux que vous passiez votre chemin.

Ça fait quelques jours que j'ai dans la tête d'écrire ce post. Je ne sais pas pourquoi. Je n'ai pas l'habitude d'écrire. Ni de parler. Vraiment parler. Je n'en espère rien. Peut-être que vider mon sac me fera du bien. Peut-être que pour une fois, parler à quelqu'un d'autre que moi même, ça sera mieux. Je ne sais pas. On verra bien.

Depuis plusieurs mois je me sens déprimé. Plus que d'habitude. J'ai toujours eu des hauts et des bas. Comme tout le monde j'imagine. Mais là le bas devient la norme. J'ai eu la brillante idée de faire un bilan de ma vie et ça m'a mis au fond du trou. J'ai 35 ans et j'ai le sentiment d'avoir raté ma vie.

Professionnellement. J'ai fait de ma passion mon boulot. Sans vraiment m'en rendre compte. Je code depuis que je suis enfant. Depuis qu'on m'a offert un PC jouet VTech à Noël ou à mon anniversaire. C'est pareil pour moi. Je suis né début janvier. J'avais moins de 10 ans. J'ai toujours aimé coder. Naturellement quand j'ai dû choisir ma voie pour mes études, je me suis dirigé vers ce que j'aimais faire. C'étais aussi là où j'étais bon.

Je suis dev depuis maintenant 13 ans. J'aime toujours autant coder. Mais je me rends compte que dev est un bullshit job. Ça ne sert à rien. Ou plutôt on ne code jamais rien d'utile. Juste des idées à la con pour faire gagner plus de fric à des types qui en ont déjà trop. Putain que je suis aigri. Oui j'ai mis du temps pour comprendre le capitalisme. Je gagne bien ma vie, je ne devrais pas me plaindre. Ce métier est ma passion, mais il n'apporte aucun sens à ma vie.

Personnellement. Je suis discret, timide et introverti. Je n'ai jamais compris comment les relations sociales fonctionnaient. Le type qui ne dit rien, qui ne parle que quand on lui pose une question, qui ne sais pas interrompre quelqu'un, qui est incapable d'avoir une conversation, c'est moi. Vous sentez venir la douille ?

Je suis fils unique. Hormis quelques années de coloc pendant mes études et au début de ma vie pro, j'ai toujours eu le sentiment d'être seul. J'avais des amis, certes, mais jamais des amis à qui se confier. À vrai dire j'ai jamais essayé. Je ne sais pas comment on fait. J'ai grandi dans une famille où on ne parle pas de ses sentiments. Alors je n'ai jamais parlé des miens. Salut, ça va ? Horrible expression. Je n'ai jamais osé dire non. Il se passe quoi si je dis non ?

Aujourd'hui je n'ai plus d'ami. Je n'ai jamais réussi à garder contact avec quelqu'un que je ne voyais pas tous les jours, à l'école ou au boulot. Pire, je n'ai pas voulu garder contact. La dernière fois que j'ai vu des amis d'école d'ingé, je savais que c'était la dernière fois. Je ne leur ai pas dit. Ah oui je suis lâche aussi. C'était la dernière fois car je n'avais rien à leur dire, car on n'avait plus rien en commun. Quoi de neuf ? Il n'y a rien de neuf. Je déteste cette question. Chacun à sa vie. Plus ou moins heureuse. Je n'en suis pas jaloux. En fait je m'en fous un peu de leurs vies. Putain je suis égoïste aussi. Je ne pense pas que je leur manque. Et j'ai beau me sentir seul, ils ne me manquent pas non plus.

Je n'arrive même plus à tisser des liens quelconques au travail. À chaque fois que j'ai eu le courage d'aller à un afterwork je me suis senti seul. Vous vous êtes déjà senti seul sans physiquement l'être ? Quand tout le monde autour de vous semble s'amuser et que vous vous avez le regard dans le vide ? C'est horrible. En plus je suis le gars qui ne bois plus. Oui je suis chiant. Et je suis trop timide pour partir avant la fin de la soirée. C'est un enfer ces afterworks alors j'y vais plus.

C'est pareil avec une partie de ma famille. Ceux avec qui je ne me suis jamais senti proche. La famille du côté de mon père. Ils sont gentils et font des cousinades tous les ans. Ils sont trop. 9 cousins dont je suis le plus jeune. Ils ont tous partenaire et enfants. 2 ou 3 jours avec ce sentiment de solitude au milieu d'eux... Je n'ai plus le courage d'y aller non plus. Cet été je vais à un mariage. Je n'ai pas su dire non à ma mère qui a insisté. J'en fais déjà des crises d'angoisse.

Vous voulez savoir à quel point je suis timide ? Sur Twitch je regarde mais ne chat pas. J'ai rejoins le Matrix de Jlai.lu il y a quelques mois. Je lis ce qu'il s'y dit. Mais je n'ai jamais rien dit. De quoi j'ai peur ? Je ne sais pas. Vous avez l'air gentils. Je n'ose pas. Je n'ai rien à dire de toutes façons. Je n'utilise pas mon compte Lemmy habituel pour ce post. Si vous lisez tout, vous saurez qui je suis véritablement et vous n'avez pas besoin de mon identité. Mais les plus perspicaces devraient pouvoir deviner mon vrai compte. J'ai laissé des pistes. Je ne sais pas pourquoi.

Je ne comprends rien aux relations. Peut-être que j'ai rencontré des femmes qui s'intéressaient à moi mais je ne l'ai jamais su. Il me faut des sous-titres pour comprendre ce genre de choses. Jamais je ne ferai le premier pas. Je ne peux pas. Juste être attiré par quelqu'un, que ce soit réciproque, s'enlacer, se parler. J'aimerai tellement connaitre ça.

J'ai toujours eu le sentiment d'être seul et jusqu'à peu j'étais OK avec ça. Ça ne me dérangeait pas. J'aimais ça même. Je menais ma petite vie, pas incroyable mais suffisante. Je travail, mes seules sorties c'est le cinéma, sinon c'est films, séries, streams Twitch, jeux vidéos et livres. Ma vie quotidienne résumée en une phrase. Quelle tristesse. Rien côté privé n'apporte de sens non plus à ma vie.

Je récolte ce que j'ai semé. J'ai raté ma vie. Pire, j'ai le sentiment qu'il est trop tard pour y faire quoique ce soit. Comment rencontrer des personnes quand on s'intéresse pas aux autres ? Je me suis demandé qui je trouvais attirante dans les personnes que je croisais. Ne vous trompez pas, je ne parle pas de reluquer toutes les femmes que je croise pour les noter et m'imaginer des trucs chelou. Juste m'imaginer que si quelqu'un était attiré par moi, est-ce que je pourrais l'être en retour. Je me suis dégouté tout seul. À tel point que je pense que jamais je ne connaitrai de relation, peu importe la forme, avec une femme. Arrivé à cette conclusion j'ai commencé à pleurer. Je rentrais du travail. J'étais dans le RER A.

Je n'ai jamais pleuré. Pas même quand j'ai perdu des proches. Je ne sais pas pourquoi. Je me suis toujours considéré comme une coquille vide, sans émotion, intéressé par rien. Un robot. Même si en vieillissant, je sais que c'est de moins en moins vrai. De plus en plus de films ou livres arrivent à me faire ressentir quelque chose. À m'humidifier les yeux. Lion. A man called Otto. Mais ça reste rare. Maintenant, à chaque fois que je repense à ce bilan, je pleure. Ça na pas été facile d'écrire tout ça. Je me suis desséché.

Vous vous souvenez de la dernière fois que vous avez été heureux ? Pas moi. Je sais que je l'ai été. Il y a longtemps. Mais je ne m'en souviens plus. Je ne sais plus ce que ça fait. Je suis une coquille pleine d'eau. Une robot triste.

Films, séries et livres me permettent de m'échapper, de me distraire. Mais pas que. C'est là que ça devient bizarre. Enfant le soir en me couchant, je me racontais des histoires. Pas en lisant. Pas avec des mots. En fermant les yeux et en m'imaginant vivre des aventures. Inspiré de ce que j'avais lu et vu. Et parfois de ma vie réelle. J'ai longtemps gardé cette habitude. Passé mes 25 ans, j'ai petit à petit arrêté, je ne sais pas pourquoi. J'ai dis longtemps.

Ces histoires ont évoluées avec mon âge. Elles sont devenues plus adultes. Plus réalistes aussi. Avec plus de mise en scène, comme des films. Mais le principe est toujours le même. Je suis le personnage principal. Mais je ne suis pas moi. Je suis celui que j'aimerais être. Et que je ne serai jamais. Le contenu de ces histoires n'est pas important. Ça dépend de ce que j'ai vu et lu. Récemment j'ai recommencé. C'est le seul endroit où je me sens vivant. Mais ce n'est qu'une illusion.

Je suis le seul responsable de ma situation. Je le sais. Mais je ne me sens pas capable de changer. Est-ce que c'est ça se sentir vieux ? Se rendre compte qu'on a loupé un train et qu'il n'y en aura pas d'autres ?

Je ne sais pas si quelqu'un aura le courage de lire ce putain de pavé. Je ne l'aurai pas eu. J'ai essayé d'organiser mes pensées pour rendre ça un peu plus digeste mais c'est pas très réussi. J'ai surement oublié des trucs, mais l'important y est. Ce que j'ai dis ici, je ne l'ai jamais dis à quelqu'un. Dis et pas écris, car j'ai essayé de formuler ça comme si je vous parlais directement. Un long monologue sur une scène de théâtre et vous êtes le public. Terrifiante idée.

J'ai 35 ans et j'ai raté ma vie. Et vous il est comment votre week-end ?

PS : N'ayez crainte, je ne vais pas faire de connerie. Je ne peux pas faire ça à mes parents.

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[-] [email protected] 4 points 6 days ago* (last edited 6 days ago)

Salut,

je voulais ajouter quelques précisions aux recommandations très justes et détaillées de Destructeur de monstre.

Même si tu ne penses pas aller si mal que ça pour consulter, ou si finalement tu consultes et ce n'est pas si grave que tu le pensais, c'est important d'être conseillé, suivi et encadré dans ces moments. Ne serait-ce qu'avoir des rendez-vous réguliers permet de garder un cap quand tout fout le camp.

Ne baisse pas les bras si les premiers contacts que tu as avec des psy ne sont pas bons : parfois il faut plusieurs rdv pour réussir à nouer un lien, parfois ce n'est simplement pas la bonne personne mais un bon psy saura normalement te réorienter vers un autre soignant.

J'ajouterais que l'avantage d'aller voir un psychiatre, c'est qu'au-delà de pouvoir te prescrire un traitement, beaucoup font aussi un accompagnement psychologique. Et qu'en tant que psychiatre (et donc médecin), les consultations sont remboursées tout ou partie par la sécurité sociale et ta mutuelle.

Si tu consultes dans le privé (donc hors CMP ou hôpital) et que l'argent est ou devient un problème, n'hésites pas à en parler au psychiatre ou psychologue qui pourra adapter ses tarifs en fonction, ou encore une fois, te réorienter.

Je pense également, si cela est possible, qu'il est important de parler de ton état de santé à des proches de confiance. Je ne parle pas de dire en profondeur ce qui ne va pas, mais de verbaliser ton mal-être pour qu'ils en aient conscience et qu'ils puissent te soutenir, quelque soit la manière dont tu as besoin.

Tu parles par exemple de ta mère, de tes parents. Que vous n'avez pas l'habitude de parler de vos sentiments. Mais ils sont là aussi pour veiller sur toi, comme tu veillerais sur eux. Même s'il s'agit de venir mettre les pieds sous la table sans rien dire (ou même en pleurant à table devant eux, ce n'est pas grave), ça fait déjà du bien de pouvoir le faire et de manger un plat réconfortant avec tes proches quand parfois, tu n'as plus le courage de te cuisiner un plat digne de ce nom.

Quant à l'aspect social, je pense que just_chill a une piste ici. Nouer des liens, parler de soi et s'intéresser aux autres quand notre estime de soi est au plus bas, ce n'est pas possible. Mais se poser avec d'autres personnes autour d'une activité qu'on aime, et échanger autour de cette activité, peut parfois faire un bien fou.

Je ne vais pas en ajouter plus, au risque de projeter mon histoire sur la tienne et de donner de mauvais conseils.

On est nombreux à passer par là, tu n'es pas seul, tu n'es pas un raté. Un jour après l'autre.

À bientôt.

[-] [email protected] 3 points 6 days ago

Merci à vous deux.

Avoir une aide professionnelle est clairement une de mes prochaines étapes. J'ai commencé à regarder du côté des psychologues. De ce que je comprends, c'est plus ce dont j'ai besoin par rapport à un psychiatre. Mais j'ai l'impression que c'est un peu la loterie pour trouver un psy qui correspond à ce que j'ai besoin. On verra bien où ça me mène.

Par contre j'espère que je suis responsable. Que c'est ma faute. Ça veut dire que je peux y faire quelque chose. Même si c'est dur. Même si ça me parait impossible. Si ce n'est pas le cas, je ne peux rien y faire et il n'y a vraiment plus d'espoir.

Je sais que tu as raison. Que je dois parler à mes proches. Mais je ne peux pas. J'espère qu'un jour j'arriverai à m'ouvrir à eux. Ça voudra dire que j'irai mieux. Mais pas maintenant.

this post was submitted on 25 May 2025
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